ISOMAC Giada : Le Grand Test

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J’ai testé un best-seller : l’ISOMAC Giada. Cette machine espresso est idéale pour ceux qui veulent maîtriser le processus d’extraction sans se ruiner.

ISOMAC Giada

dans sa livrée blanche

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Il était grand temps de tester l’ISOMAC Giada. Cette machine tient une place particulière sur le marché de l’espresso. En effet, elle est le lien qui sépare la machine amateur disponible en grande surface et la machine semi-professionnelle.

ISOMAC

La société ISOMAC a été créée par Giovanni Fontana en 1977 à Macherio, près de Milan. Le fondateur apporte toutes son expérience acquise pendant près de 50 ans dans les diverses usines des plus grands constructeurs de la banlieue Milanaise. Une des particularités de l’entreprise est de n’employer que des femmes pour les opérations de montage. Selon M. Fontana, elles seraient plus méticuleuses que les hommes pour effectuer ces tâches !

PRESENTATIONS

L’ISOMAC Giada est une machine espresso qui fait neuf kilos. La première chose qui sépare la Giada d’une machine grand public est la finition tout métal. Le plastique n’a pas sa place sur la Giada. En effet, le bâti et tous les éléments de carrosserie sont soit en acier peint (4 coloris au choix : gris, noir, rouge ou blanc), soit en inox (plaque chauffe-tasses, couvre réservoir, grille du tiroir ramasse-gouttes et ramasse-gouttes). La finition est très bonne.

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La façade de commande est dotée de 3 interrupteurs à bascule (marche/arrêt, distribution café ou eau, vapeur) et de 3 voyants (allumage, résistance, vapeur). Cerise sur le gâteau, on dispose en plus d’un manomètre, chose assez rare dans cette gamme de prix. Le robinet vapeur est disposé sur le flanc droit de la machine. Un tamper plastique est intégré. On gagnera à utiliser un tamper de qualité mais l’intégré fait plutôt bien son travail avec un diamètre finement ajusté aux filtres.

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 Panneau de commande
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 Manomètre
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 Robinet vapeur
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 Tamper intégré

Le réservoir de 2,9 litres est en plastique de belle épaisseur. C’est le même que l’on retrouve sur les machines semi-pro de la marque équipés d’un groupe faema e61. On y perd tout de même l’axe transversal en inox. Dommage pour sa facilité d’extraction du reste de la machine. Par contre, il est protégé sur le dessus de la machine par une plaque en inox indépendante de la plaque chauffe-tasse. Bien vu, on n’est pas obligé de retirer toutes les tasses pour refaire le plein d’eau. Le troir ramasse-gouttes est de belle capacité puisqu’il dispose d’un volume d’un litre ! Assez rare pour être signalé.

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 Vérification de la capacité du réservoir
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 Couvre réservoir en inox indépendant du chauffe-tasses
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 Mesure du volume du ramasse-gouttes

L’accès aux entrailles de la Giada est aisé : il suffit d’oter 2 vis cruciformes de la plaque chauffe-tasses. Même les bricoleurs du dimanche (espèce en voie de disparition à cause d’une future loi gouvernementale autorisant le travail le dimanche) s’en sortiront.

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 Les 2 vis d’accès

A l’intérieur, on peut y voir la chaudière en laiton (cuivre + zinc) de 200ml. Ce matériau permet d’avoir une bonne inertie thermique. Bonne nouvelle : la machine est équipée d’un régulateur de pression réglable. Ce dernier est placé entre la chaudière et le robinet vapeur. Cette place peu académique est potentiellement moins bonne que s’il était placé entre la pompe et la chaudière : au lieu de refouler de l’eau froide en réservoir, on refoule de l’eau réchauffée par la chaudière : tant pis pour la stabilité thermique. Mais on verra plus loin que cette machine a besoin de beaucoup de pression pour faire un café de qualité : peu d’eau sera refoulée de la chaudière.

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 Intérieur de l’ISOMAC Giada

La pompe à vibrations est une ULKA EK2 de 56W. C’est 8W de plus que sur la plupart des pompes qui équipent les machines espresso. L’intérêt : les pompes à vibrations ont tendances à s’assoire en fin d’extraction (souvent visible par une légère baisse de pression au bout d’une quinzaine de secondes) ce qui n’est pas le cas avec les pompes rotatives qui équipent les machines professionnelles. On limitera cette baisse de régime grâce à cette belle puissance disponible.

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 Pompe à vibrations ULKA

En plus de leur design, les interrupteurs en inox à bascule qui équipent la Giada sont réputés increvables.

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 Interrupteurs à bascules

La machine ne dispose pas de vannes 3 voies afin de dépressuriser le filtre. Il faut donc attendre plusieurs dizaines de secondes après une extraction avant de retirer le porte-filtre sous peine de risquer de repeindre les mûrs de votre cuisine. Cette absence de vanne électromagnétique est remplacé par un système de clapet + ressort juste au dessus du groupe de diffusion. De par cette conception, la machine est incontinente lors de la chauffe : quelques gouttes d’eau coulent de l’écran de diffusion afin de limiter la pression dans la chaudière à environ 9 bars. Ne retirez pas ce système même si ça vous énerve de lire 9 bars sur le manomètre pompe enclenchée à vide (sans café). Il est vrai que l’on ne pourra pas vérifier si la mouture est trop grosse par le mano, mais si vous enlevez le système à ressort, la chaudière se videra pendant la chauffe et vous cramerez la résistance de chauffe. Attention, il ne faut pas confondre ce système avec un système de pressurisation dans le filtre que l’on peut trouver sur les machines grand public (magimix, krups…) car il est placé en amont de la mouture et non pas en aval. Il vous faudra donc impérativement un broyeur de qualité pour tirer le meilleur de la Giada. Et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle.

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 Ecran de diffusion
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 Ecran de diffusion et régulateur démontés
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 Ecran de diffusion et système de clapet à ressort

TOUR DE CHAUFFE

 Conditions du test :

Température ambiante : 22°C

Taux d’humidité : 50%

Eau de source utilisée : Volvic

 Interrupteur général allumé, la machine met 2min25s pour atteindre sa température de fonctionnement chaudière (98°C). Bien évidemment, elle n’est pas encore utilisable pour donner le meilleur d’elle même. L’entre-cycle de chauffe est long puisque la machine allumera la résistance seulement 10min20s après. Au bout de 13min30 second cycle de chauffe terminé le porte-filtre 53mm en aluminium (moins d’inertie thermique que le laiton donc temps de chauffe plus rapide) a atteint 65°C. On peut considérer que la machine est utilisable. A la fin d’un cycle de chauffe, la température mesurée par thermocouple en sortie d’écran de diffusion est trop chaude puisqu’elle monte à 99°C. Il va donc falloir jouer du temps surfing (trouver le bon temps après le haut du cycle afin d’avoir la bonne température en sortie). Mais le cycle est tellement long qu’il faut attendre près de 7min pour que la température daigne redescendre à des valeurs acceptables. La bonne technique à adopter est la suivante : à la fin d’un cycle de chauffe (on peut le forcer en faisant couler de l’eau à vide) on réchauffe ses tasses avec l’eau trop chaude (environ 8sec d’écoulement), on prépare son porte-filtre avec la mouture et il n’y a plus qu’à extraire des espressi. A ce stade, la température d’extraction moyenne qui a été préalablement refroidi par l’entrée d’eau fraîche se situe aux alentours de 90°C.

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 Porte-filtre en aluminium de 53mm de diamètre

QUALITE D’EXTRACTION

Le broyeur utilisé est un mini mazzer. Pluisieurs cafés seront employés pour vérifier les qualités d’exctractions : du Illy torréfaction foncée, un blend arabica/robusta 80/20 et un specialty coffee d’Ethiopie : un sidamo. Une foule de tests avec ces cafés a été pratiquée, en faisant varier les paramètres tels que la granulométie de la mouture, le grammage… etc.

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 14 grammes…
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 …15 grammes…
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 …16 grammes

Lors des premières extractions, j’ai constaté que la pression montait à 13 bars. J’ai ajusté le régulateur de pression afin d’avoir 9 bars pour 2X30ml de café en 25s. Et là, je n’ai réussi qu’à sortir des espressi sous-extraits. La valeur de 13 bars réglée en usine était justifiée. Il est vrai que la valeur empirique de 9 bars est donnée pour des filtres de diamètre 58mm. De plus, il y a une différence entre la pression d’un mano branché sur la chaudière et en sortie d’écran de diffusion. Malheureusement pour moi, avec un porte-filtre 53mm non équipé de becs vissés, impossible de brancher un manomètre afin de vérifier la pression de sortie. Soit. Après plusieurs essais gustatifs, la pression à adopter doit se situer entre 13 et 14 bars pendant l’extraction. J’ai trouvé qu’elle demandait une mouture légèrement plus fine que sur une machine équipée d’un groupe e61 qui est pour moi un standard de comparaison. Le grammage idéal se situe toujours entre 14 et 16 grammes selon le café utilisé. 16 grammes étant la capacité maximale des filtres de la Giada. Et comme d’habitude, le filtre 1 tasse donne de moins bons résultats qu’avec le 2 tasses.

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 13 bars à l’extraction

En respectant la méthode de refroidissement expliquée plus haut, le résultat est plus que satisfaisant. Certes, la Giada n’a pas la stabilité thermique de ses grandes soeurs et la température durant une extraction va varier d’environ 10 degrés, mais pour le commun des mortels, les espressis sont plus qu’acceptables. Rien à voir avec un espresso sorti d’une machine grand public ou à capsules… what else ! Bien sûr, le broyeur est indispensable.

 ET LA VAPEUR ?

 La lance vapeur très (trop) courte dispose d’une buse 2 trous bien calibrés. Ne disposant que d’une seule chaudière, il faut activer le mode vapeur pour faire monter sa température afin de fournir de la vapeur. Il faut seulement 1min15s pour que ce mode soit opérationnel. La Giada une vapeur impressionnante au regard du volume de sa chaudière mais celle-ci ne dure malheureusement pas longtemps (voir video ci-dessous).

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 Lance vapeur et buse 2 trous

J’ai mesuré 55sec pour faire monter 20cl (7OZ) de lait entier de 5°C à 65°C. C’est long mais le résultat est probant : la texture micro-bulles est excellente. Le latte art est accessible avec cette machine. Cependant, pourquoi avoir doté la Giada d’une lance aussi courte ? Si cette longueur suffit pour un pot à lait de 0,3 litre (1 cappuccino), il est difficile de trouver la bonne position avec un pot de 0,6 litre (pour 2 cappuccinos, voir video ci-dessous).

  Difficile de trouver la bonne orientation avec un pichet de 0,6 litre !

Moussage du lait pour 2 cappuccinos (0,2 litre de lait entier)

BILAN

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 A côté de sa grande soeur la Zaffiro

 La Giada est une machine qui faut apprendre à maîtriser. Une fois le mode d’emploi compris, elle permet de faire de bons espressi. Le cappuccino est accessible même si ce n’est pas la vocation première de la machine. Elle demande peu d’entretien (pas de vanne 3 voies donc pas de backflush nécessaire) et est fiable de par sa simplicité de conception. La qualité des matériaux est bonne et le montage est soigné. Avant d’acheter une machine grand public, il est judicieux de rajouter une centaine d’euros afin d’acquérir cette machine. La durabilité et l’amélioration des shots justifiant pleinement le surplus d’investissement. Reste le broyeur…

 + Design                                – Temps entre chaque cycle de chauffe long

+ Finition                                – Lance vapeur trop courte

+ Equipement                         – Porte-filtre en alu de 53mm

+ Chaudière laiton

+ Prix honnête

Par Sébastien Racineux

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